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 René Feret par Livres-Addict.fr 

"Comme une étoile dans la nuit" de René Feret

image_etoileC'est un film qui tranche et qui brille. Effilé comme l'arête d'un diamant. Un film irradiant-irradié, d'une facture toute simple et d'une force atomique. Un film qui vous prend le coeur, le retourne, le broie, l'essore jusqu'à suffocation, jusqu'à ce qu'il sue sang et larmes. D'émerveillement et de gratitude. Un film qui vandalise, qui rafle jusqu'à la dernière chaque bribe vivante. Un film aux antipodes de la durassienne "maladie de la mort". C'est la maladie de la vie et le "Cantique des cantiques" composé sur la plus haute portée.

L'argument est celui d'un mélo. Une sorte de "Love story" version française, plus sobre et abrasive.

C'est un jeune couple. Ils s'aiment. Ferveur, désir d'enfant, projet de mariage. Et puis tout ce rond bonheur est guillotiné. Il apprend qu'il est atteint d'un cancer de la lymphe détecté à un stade déjà avancé de la maladie.

Et c'est là que le film déploie toute sa singularité. Pas de pathos, pas d'apitoiement pas non plus de digne résignation mais l'impensable, à savoir la joie, la joie caracolée, cavalcadée, la joie vécue sur un mode majeur. Les amoureux optent pour l'amour et décrètent que la maladie, la mort sont, en regard de l'amour, des péripéties relégables à l'arrière-plan. D'abord vivre, d'abord s'aimer de toutes ses forces même déclinantes, d'abord jubiler autant que possible, extraire le suc de chaque instant qui s'offre. Elle, surtout, est prodigieuse. Elle, c'est Salomé Stévenin, frontale et ondoyante, tranchée et voluptueuse, souple et implacable, gracile et pulpeuse. Elle traverse le film comme une grenade dégoupillée, comme une novice en état de grâce. Elle est souvent nue et elle s'habille exquisément, de jeans qui la moulent à ravir, de débardeurs qui dégagent les lignes délicates de son buste. Elle respire la sensualité, elle a un corps de bombe et elle fait de ce corps un usage suprêment sagace. Elle en fait un rempart contre le malheur, elle ne cède rien de son désir, de son exultation. Elle oppose aux forages, aux atteintes adverses un sourire éclaboussant. C'est elle qui relève et admoneste les membres de son entourage qui, un à un, s'effondrent.  Elle ne se contente pas de rayonner, elle resplendit. Elle fulgure et elle boulverse. C'est, à sa manière, une Etty Hillesom qui sème la lumière dans les tranchées du pire.

A la fin, la femme médecin qui a suivi les deux jeunes gens leur rend hommage. Elle déclare qu'ils ont enseigné à leur entourage comment s'aimer, comment mourir et qu'il est possible d'aimer à une altitude insoupçonnable. En ces temps de sinistrose, un film salutaire. Eblouissant.

BH 12/08

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