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Hugo Vieira Da Silva par Livres-Addict.fr
"Body Rice" de Hugo Vieira Da Silva
Ce film est une
gageure,
il repose sur presque rien et le voir relève de l'expérience extrême.
A partir d'une expérience réelle (menée depuis les années 80), le réalisateur crée un univers des plus dépaysants. Soit une poignée de jeunes allemands, délinquants en perdition, envoyés au Portugal dans un centre qui a pour vocation de les "réhabiliter".
Chose étrange, cependant, le "projet" auquel ils sont censés participer se réduit à une errance sans objet. Il n'y a là ni thérapie ni prise en charge d'aucune sorte. Les adolescents, livrés à eux-mêmes, sont confrontés à un vide sidéral et font l'épreuve de la plus pure déréliction. Ils restent prostrés dans une pièce pénombreuse, se déchaînent le temps d'une danse désarticulée qu'ils exécutent, défoncés, sur fond de rythme binaire ou encore ils déambulent, hagards, hébétés, déshabités, à travers les grands espaces désolés qui entourent le centre, lesquels, s'étendant à perte de vue évoquent un désert propice aux épiphanies mystiques. Le film s'étire dans une lenteur hypnotique électrisée par des décharges brusques, des séquences de danse épileptiques et dionysiaque. Le silence règne en maître, il parait propitiatoire et réparateur si bien que les rares paroles proférées causent presque un choc, une impression pénible et discordante au spectateur converti.
Au cours de ce fascinant fatras se détache la longue et blonde silhouette de Katrin, adolescente androgyne qui promène là son existence désheurée assortie d'une insondable mélancolie. La jeune actrice qui l'incarne magnétise le regard et confisque la lumière à tel point qu'elle justifie à elle seule l'existence de ce film qui repose tout entier sur son esthétique et son parti pris de stylisation extrême.
Une fort belle déroute !
BH 01/08