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Naomi Kawase par Livres-Addict.fr
"Hanezu" de Naomi Kawase
C'est
un film de lents soulèvements, d'insurrections languides, de chocs
telluriques infiniment amortis et cependant infiniment violents.
C'est la collusion, la concordance rendue sensible, entre les flux naturels et les courants humains.
C'est l'éternel triangle amoureux mais qui, loin de se réduire au vaudeville, est soulevé, et qui, porté par un souffle mythologique, coudoie la légende.
C'est le Japon ancestral qui irrigue et anime le Japon contemporain.
Il y a l'équivalence, établie, énoncée, entre la rivalité qui oppose deux hommes aimant la même femme et celle qui dresse l'une contre l'autre deux montagnes millénaires.
Les gestes des corps aimantés sont lents et dédiés et les étreintes des amants sont des caresses visuelles, des précipités de pure sensualité.
La
jeune femme est
douce et cristalline, le mari est tout à la fois massif et délicat,
corps conducteur, corps protecteur et cependant dénué et l'amant est un
sculpteur d'une beauté sauvage.
Nombreuses sont les scènes irradiées et irradiantes. Il y a la jeune femme face à son miroir, l'amante au miroir, qui ausculte son corps nu, soupèse ses seins, effleure son ventre et c'est d'une sidérante splendeur.
Les gestes quotidiens sont alentis et transcendés par une qualité d'âme palpable, ils sont élevés au rang de rituel.
Les longs plans qui
célèbrent la nature sont de vastes étendues rêveuses et nostalgiques.
Ils
sont d'une douceur soyeuse, enrubannée, ce sont de longs, de poignants
déroulés de lentes caresses et ils sont grandioses.
Tout est continûment anobli, tout est noces, même les fractures.
Une rareté.
BH 02/12