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 Danny Lerner par Livres-Addict.fr 

 "Frozen days" de Danny Lerner

FrozenDaysVoici un premier film israélien intriguant et séduisant. Une jeune femme (qui porte le film entier car elle est de chaque plan), dealeuse de son état, déambule et dérive dans le Tel-Aviv nocturne. Elle "tchatte" sur internet, correspond avec un jeune homme qui lui fixe rendez-vous dans une boite de nuit. Elle se rend à l'endroit indiqué, prémonitoirement nommé "Coma" mais elle ne verra jamais l'individu convoité car un attentat a lieu qui le brûle intégralement et le plonge, précisément dans le coma. La jeune femme le piste et le retrouve à l'hôpital bandeletté des pieds à la tête. Elle récupère alors les effets personnels du jeune homme, ses clefs, elle investit son appartement et peu à peu s'empare de son identité. Elle est inquiétée, harcelée par une voisine tracassière qui la traite avec un mélange d'aigreur et d'onction suspicieuses, la regardant à la fois comme une étrangère, une importune et comme l'occupante légitime de l'appartement tenue, dès lors, d'assumer ses responsabilités, d'acquitter ses dettes... La jeune femme revêt les vêtements du garçon comateux et un beau matin elle s'aperçoit qu'elle a les cheveux entièrement rasés : elle est devenu lui ou quasi et quoiqu'il en soit on la considère comme tel...

Le film navigue habilement entre le réalisme et le fantastique, les ruptures de ton et le mélange des genres lui confèrent une singularité certaine mais il plonge surtout le spectateur dans un état hypnotique, un entre-deux inconfortable et fascinant : on flotte, désancré, entre veille et cauchemar, entre manipulation et création, élaboration galvanisante car la jeune femme forge sa vie autant qu'elle la subit.

L'atmosphère d'étrangeté qui règne doit aussi beaucoup à l'image en noir et blanc (qui défait les contours d'un monde crépusculaire, apocalyptique tout en les accusant) et à la performance de l'actrice qui impose sa beauté nette, son androgynie, son visage traqué, son corps fiévreux, mobile, proie d'un affolement constant, engagé dans une éperdue fuite en avant. Elle est filmée avec une minutie qui serre son corps au plus près comme si chaque plan relevait de l'étreinte. Elle est filmée avec une précision poétique qui doue chacun de ses gestes d'un caractère graphique. Elle est filmée avec une évidente ferveur qui la magnifie.

L'esthétique de cet ovni est superbe et l'ensemble hautement  recommandable.

BH 12/07
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