Livres-Addict.fr
Sandrine Rinaldi par Livres-Addict.fr
"Cap Nord" de Sandrine Rinaldi
C'est
un film dansé, tourbillonné, virevolté. Toute une nuit grisée et
soulevée concentrée en une heure imagée. C'est aussi un film
extraterrestre et pas seulement parce que la danse en déporte les
protagonistes vers un ailleurs jamais atteint.
C'est tout un groupe de gens plus ou moins jeunes mais qui semblent s'attarder au seuil de l'âge adulte et qui, sur les rythmes endiablés et sensuels de la nothern soul, s'approchent, se frôlent, se percutent, se lient et se délient, s'enlacent et se désenlacent et s'essaient à des collusions fortuites, des rapprochements tremblés dont certains sont déchirants.
Les séquences dansées (et ringardement, très kitschement chorégraphiées) sont entrecoupées de dialogues, d'échanges au cours desquels, sur un mode hanté, incantatoire, et avec une diction bressonienne, les fêtards devisent, assénant vérités péremptoires et sentences définitives sur la vie - l'amour - la mort.
Mais ces maximes énoncées peuvent aussi prendre la forme d'interrogations hagardes et psalmodiées, surtout quand il s'agit d'interroger l'amour et ses miroirs, l'amour et ses spectaculaires métamorphoses et ses inépuisables mystères. Et alors, souvent, l'émotion affleure.
Ce film est la célébration d'une époque révolue à plusieurs égards. C'est un hymne, à la fois à la musique et à l'ambiance des années 80 et au temps perdu, éperdu, de l'adolescence dans laquelle ces "soiffiers d'idéal" sont restés figés.
Il y a donc là un caractère désuet et même suranné clairement revendiqué de même qu'est revendiquée la criante et titubante maladresse de l'ensemble et qu'imprte si on fait plus que frôler le grotesque : l'autodérision agit comme antidote. On croise fugitivement Valérie Donzelli, l'écrivain Hélène Frappat, l'intrigante, magnétique et vénéneuse Sabrina Seyvecou...
Une vraie curiosité.
BH 05/12