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 Serge Roullet par Livres-Addict.fr 

"Avoue que tu mens" de Serge Roullet

affiche_roulletC'est un film d'éther et de colère. Qui lévite et qui crépite. C'est une succession d'apparitions et de tableaux somptueux. D'apparentes révélations et de dévoilements en trompe-l'oeil. Un film tout en nerfs et en ondoiements vagabonds, tendu sur le fil d'un onirisme maraudeur. Une balade au jardin des délices vénéneux.

Soit une demeure, vaste et luxueuse, une propriété familiale et bourgeoise, domaine réservé et chasse gardée, cadre idéalement romanesque, idoine pour le nouement d'un drame. Au sein de la famille empesée/amidonnée surgit, membre improbable, flèche décochée en plein coeur congestionné, Claudia, une ravissante, brune et écharnée adolescente de 17 ans qui va semer le trouble et renvoyer chacun à ses insuffisances comme à ses désirs les plus tortueux. Elle apparait, météorique, le temps de quelques instantanés iconiques, de quelques nudités ossues et pleines de grâce, puis disparait, à la faveur d'un énigmatique plongeon dans le lac qui jouxte la propriété familiale.

A-t-elle été tuée ? Qui a voulu sa perte ?

Le film prend des tournures d'enquête introspective, statique et ressassante. Les différents membres de la parentèle s'expriment  tour à tour, formulant hypothèses et livrant bribes d'informations, face à un dénommé Gabriel, interlocuteur muet et éternellement hors-champ. Il semblerait que ledit Gabriel ait entretenu une relation sulfureuse et frappée d'interdit avec la jeune disparue car, en plus d'être artiste (et pour cela élu d'elle car en rupture avec le vomitif terreau bourgeois originaire) il s'avère être le jeune oncle de Claudia.

image_entretienDans un deuxième volet, Gabriel et Claudia se retrouvent à Berlin. Claudia embrasse une carrière musicale mais Gabriel se voit contraint de la partager, tribut qu'il paie pour l'avoir abandonnée. Gabriel supporte si peu cette dépossession imposée qu'il en perd la raison. Il se cramponne alors à la figure, hallucinée, d'un alter ego thaumaturge et salvateur.

On est dans un "Théorème" embrumé, dans un texte très littéraire, ensemble ciselé et envapé, un texte elliptique, tout d'aveuglante blancheur, énoncé selon la diction bressionnienne.

On est chez un esthète qui compose chaque plan comme autant de tableaux. On est dans une déambulation vaporeuse qui emporte, étourdit, envoûte. On est dans un dédale de significations protéiformes et d'images hypnotiques. On est dans une oeuvre, intègre et radicale, on est chez un artiste, un vrai.

Retrouver également l'interview de Serge Roullet par Bénédicte Heim sur le podcast des Contrebandiers éditeurs.

BH 11/08

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