Livres-Addict.fr

 AccueilLivres | Films | Expositions | Sites internet

 Sophie Schoukens par Livres-Addict.fr

"Marieke" de Sophie Schoukens

Marieke_Sophie_SchoukensC'est un film intranquille. Un film de corps plein, pleinement habité et d'âme tremblée, sismique. Un film dans lequel la quête de soi emprunte des chemins tortueux et s'accomplit au fil de détours souvent inventifs et captivants.

Nous sommes à Bruxelles et voici Marieke, 20 ans, qui vit sous la férule d'une mère abrupte et acrimonieuse. Mère qu'elle s'efforce de satisfaire et avec qui elle forme un duo désaccordé, tout à fait arythmique.

Marieke exerce, en outre, dans une chocolaterie, un métier ingrat et harassant.

Cependant, en dépit de ces conditions peu favorables, elle offre au monde une apparence polie et enjouée, elle tient tête à l'adversité avec ue grâce têtue et une détermination allègre que rien ne semble devoir entamer.

C'est que Marieke, comme sa mère, abrite un secret et les deux énigmes s'articulent autour de la mort prématutée du père et procèdent de cette mort. Seulement, face au drame, mère et fille déploient deux parades diamétralement opposées. Si la mère s'enclôt dans l'aigreur, la solitude, le refus infissurable, la fille, elle, opte pour la vie plénière mais une vie qui se décline au travers de visages et de corps très singuliers : en effet, Matieke élit systématiquement pour amants des hommes âgés voire très vieux.

Marieke_Sophie_SchoukensUne des scènes inaugurales est, à cet égard, emblématique : Marieke se trouve dans un café, elle y est abordée et courtisée par un très beau jeune homme qu'elle éconduit sans ménagement cependant qu'elle est rejointe par un homme chenu avec qui elle entame une danse jubilatoire, désentravée qui est une endiablée parade amoureuse.

Les scènes de lit qui émaillent le film sont toutes d'une très grande sensualité mais elles sont surtout d'une délicatesse et d'une tendresse inouïes. Car Marieke ne fait pas que se livrer à ces hommes si vulnérables, déjà presque frappés de mort : elle se donne pleinement à eux, elle les chérit de tout son être et les célèbre même puisque chaque fois, après l'étreinte, elle les photographie. Elle va même jusqu'à choyer, chérir et magnifier les imperfections, les flétrissures des corps aimés : elle se fait l'adoratrice du passage, de l'impermanence, du périssable, des marquages féroces, de l'implacable morsure du temps sur les peaux.

Ce qui aurait pu n'être qu'une triste et louche déviance ou simple curiosité, est donc élevé au rang de création et devient une ode boulversante à l'amour illimité. 

C'est, de l'amour, une approche singulière et saissisante. Et c'est Hande Kodja (révélée par Patrick Grandperret dans "Meurtrières") qui prête ses traits doux et perçants à Marieke.
Son jeu est magistral.

BH 04/12

              

   © Livres-Addict.fr - Tous droits réservés                                                                                                          | Accueil | Contact |