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 Vittorio de Sica par Livres-Addict.fr 

 "Le jardin des Finzi Contini" de Vittorio de Sica (1970)

Courez voir ce film, pépite parmi les reprises de l'été. Courez ! Non parce qu'il s'agit d'un film-culte. Non par l'intrigue somme toute assez plate et convenue (les déchirements d'un amour impossible sur fond de montée du nazisme, les convulsions de la petite histoire fondues dans les convulsions de l'Histoire, la tragédie intime prise dans la tragédie mondiale etc, ...) Non, ce film vaut pour tout autre chose.

jardindesfinzicontiniBien sûr il y a le tableau d'une époque et d'une société. Les Finzi Contini, vieille famille juive aristocrate, réfugiés derrière le rempart de leur propriété seigneuriale, jouissent encore des fastes de leur vie dorée. Leurs courts de tennis (lesquels nous valent quelques scènes durassiennes avant l'heure !) sont envahis par une volée de jeunes gens pétulants en tenues immaculées. A la tête de cette élégante coterie, les jeunes héritiers et maîtres des lieux : Alberto, le bel homosexuel souffreteux et sa soeur Micol. Arrive Giorgio qui, demeuré absent pendant une longue période, tombe (ou retombe ?) éperdument amoureux de Micol, son amie d'enfance. Mais Giorgio, bien que juif lui aussi, est issu d'une classe sociale inférieure à celle de Micol. Et les menaces nazies grondent aux portes du palais. Alors... Peinture de moeurs, scènes de genre, discrimination sociale, irruption de l'Histoire... Il y a tout cela. Il y a aussi Helmut Berger lequel campe un Alberto décadent à souhait, Alberto qui, rongé par un mal secret, figure à lui seul le travail de la lèpre à l'oeuvre ...

Mais, il y a surtout Dominique Sanda. Dominique Sanda, c'est Micol et c'est pour elle qu'il faut aller voir le film. Dominique Sanda, c'est ce visage étrange en sa découpe précise, si nette. C'est cette beauté atypique qui impressionne la pellicule. C'est ce regard d'eaux mêlées, d'eaux troubles qui compose un regard si clair. Regard perçant et pénétrant à la fois qui harponne, qui aspire. C'est ce corps délié, ce corps pâle tout juste surgi de l'adolescence, ce corps aux membres lisses, à peine galbés, à peine arrondis (ses apparitions en short blanc sur le court de tennis sont une damnation !). C'est une présence vénéneuse qui échauffe les sens et instille dans le sang le poison du désir. C'est tout ensemble ce front têtu, ce menton volontaire, cet air farouche et résolu qui tiennent en respect quiconque ose l'approche. C'est ce je-ne-sais-quoi, ce supplément de grâce ou d'âme qui hypnotise.

Elle a le verbe rare et le geste mesuré, elle fonctionne à l'économie, elle n'a pas besoin de se répandre : son intensité est telle qu'elle lui tient lieu de tout... Un seul regard d'elle vous méduse. Courez, vous dis-je, courez la voir !

BH 07/07

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