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 Didier Anzieu par Livres-Addict.fr

"Le Moi-peau" de Didier Anzieu (Dunod)

image-anzieu-le_moi_peauIl faut lire "Le Moi-peau". C'est bien plus qu'un livre de théorie psychanalytique, c'est un tissage de mots qui crée du trouble et du sens, du lien et du liant, qui avive et qui panse.

Le postulat (génial et génialement étayé) de Didier Anzieu est que la peau n'est pas cette enveloppe neutre et purement fonctionnelle à quoi nous tendons à la réduire mais qu'elle est une entité psychique à part entière et que c'est à partir des informations qu'elle enregistre dans la prime enfance que se constitue la personnalité.

Didier Anzieu pose (et démontre) que la peau remplit une multitude de fonctions. Elle marque la frontière entre le dedans et le dehors, entre le moi et l'autre, entre le monde physique et le spirituel et elle intervient, aux toutes premières loges, dans nombre de situations, d'états complexes et ramifiés.

Ce qu'expose, de magistrale façon, Didier Anzieu, c'est ce qui advient lorsque le Moi-peau (cette réalité qui présente donc la singulière et troublante et caractéristique d'être à la fois physique et psychique et par conséquent pure ambivalence et fragile totalité) est attaqué, abîmé, troué ou démaillé.

A travers ce prisme s'éclairent et s'élucident de manière saisissante un certain nombre de troubles, de déviances et d'états de souffrance qui résistaient à toute autre approche. Anzieu détaille de manière extrêmement fine les fonctions du "Moi-peau". Il met au jour, dans les offices qu'il remplit, des "sous-ensembles" des plus subtils et des plus surprenants.

Ainsi, il étudie successivement l'enveloppe sonore, l'enveloppe thermique, l'enveloppe olfactive, la confusion des qualités gustatives, la seconde peau musculaire, l'enveloppe de souffrance et la pellicule du rêve. 

 Et chaque fois il développe, à l'appui, un cas de figure auquel il a été confronté, il fait référence à un être en souffrance qui est venu le consulter (ou qu'un de ses confrères à traiter) et dont il a amélioré la condition.

On croit qu'Anzieu parle des autres et puis, au détour d'une phrase qui percute un peu plus fort que les autres, on s'aperçoit qu'il parle de nous et ses mots rentrent si loin dans le corps, ils tailladent tellement dans la chair à vif qu'on en est tout secoué et il n'y a pas de plus imaparable accréditation...

Et tout ce que ça recouvre d'être touché. Ou non. Toutes les façons dont on peut être touché. 

Et les dégâts que ça occassion de ne l'être pas. Ou mal. Un livre à vivre. Un livre de vie.

BH 12/10

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