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 Anna Dubosc par Livres-Addict.fr

"Spéracurel" d'Anna Dubosc (éd. des promenades)

image_speracurelAnna Dubosc vit comme le vent : au gré du souffle qu'elle épouse, dans lequel elle se fond et flue quelle que soit la force des impacts adverses. Et elle écrit de même, en pointes, en sautillements, en rebonds et entrechats, elle écrit la course dansée du vent et même la mort avec elle, prend des allures enjouées et peut prêter à sourire.

Elle nous livre de sa vie des petites touches incisives, colorées, savoureuses et qu'on déguste avec délectation. Elle pratique l'ellipse avec une grâce aérienne si bien que le dévoilement est progressif et le mystère longuement entretenu. Mystère accru pr la chronologie brouillée et la propension à jeter abruptement le lecteur dans la crudité des scènes évoquées.

Les êtres qui peuplent la vie de la narratrice ont souvent des propriétés magiques. Ils possèdent en tout cas le pouvoir d'enchanter le lecteur.

Nous faisons ainsi, au détour d'un prélèvement à vif, la connaissance de David, très bel esthète homosexuel et ami de coeur d'Anna avec qui elle partage des choses légères et essentielles (dîners improvisés, flâneries, vagabondages dans les marchés aux puces) et à qui l'attache un secret amour qui ne dit pas son nom, sentiment d'autant plus puissant que l'écriture l'effleure à peine et avec la plus extrême délicatesse.

Et puis il y a Kumiko, sa japonaise de mère, monument et concentré de drôlerie, personnage qui saille, déborde et se caractérise par sa verve, sa verdeur  langagière, son extravagance et son exubérance sans frein.

umage_anna_duboscEt, bien sûr, sa fille, Asia, adorée et dont elle note frénétiquement (tarabustée pour cela sa mère) tous les réjouissants mots d'enfant sur un calepin.

Il y a Sébastien, candide jeune homme de 25 ans qu'elle retrouve un beau matin dans son lit et qui saura se montrer suffisamment persuasif pour qu'ils ne se quittent plus qu'à peine.

Et voici Sophie, soeur et fausse jumelle à propos de qui Anna se demande quelle hypothèse serait la pire : qu'elle, Sophie, meure en premier ou qu'elle survive à la narratrice...

Et il y a tous les morts aimés, justement, qui accompagnent Anna et qu'elle évoque sans pathos mais avec une vraie empathie et une douceur arachnéenne.

Et encore son père, perdu dans l'exercice de son art et qui ne lui accordait ni regard ni attention.

Et cette grande femme maigre, presque fantomatique, qu'elle croisait en des lieux et des moments insolites et qui l'aimantait d'autant plus qu'elle se retranchait et que, rétive à tout, elle ne se pliait à rien, pas même aux règles élémentaires de politesse.

Des êtres et des instants croqués souvent avec malice, toujours avec une infinie tendresse. Et tout est irrigué, veiné d'émotion tue.

Et tout est allègre, alerte, enlevé, d'une fraîcheur jubilatoire. Des textes d'autant plus précieux et attachants qu'en ces temps de sinistrose leur fil rouge est la joie. De vivre et d'aimer.

BH 06/10

Retrouvez également l'interview d' Anna Dubosc par Bénédicte Heim sur le podcast des Contrebandiers éditeurs.

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