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 ELizabeth Smart par Livres-Addict.fr

"A la hauteur de Grand Central Station je me suis assise et j'ai pleuré" d'Elizabeth Smart (Les herbes rouges)

C'est un récit qui tient du cri, de la prière, de l'incantation tour à tour exultante ou éperdue. C'est un cantique, une supplique à bout de souffle, une évocation hantée bien plus qu'un récit.

Ce sont les transes et les stances d'une femme amoureuse qui élève l'amour au rang d'expérience sacrée. Ce sont des épiphanies et des fulgurances successives qui foudroient jusqu'au fond de l'âme. C'est une mélopée entêtante qui hésite, oscille entre le cri d'extase et le chant d'agonie.

La trame est a priori des plus banales et le récit pourrait en effet verser dan le vaudeville le plus trivial puisqu'il s'agit d'un homme déchiré entre deux femmes, un homme très classiquement écartelé entre son épouse légitime et sa maitresse. Et c'est ladite amante qui exhale la plainte millénaire d'Ariane délaissée, abandonnée sur son rocher et clouée à son chagrin.

Tout l'intérêt de ce court-circuit réside dans le tempo et les modulations de ce lamento. L'auteur, Elizabeth Smart évoque en effet sa liaison tumultueuse avec le poète Baker qui lui donnera quatre enfants mais ne l'épousera jamais. Le texte possède donc de saisissants accents de vérité, il est composé d'accrocs, de déchirements successifs, de salves criantes, d'éclats saignants et crus.

Ce sont des séquences sous haute tension, des fragments arrachés, radioactifs dont la rare intensité et la teneur puissamment érotique perforent au plus vif.

C'est un long poème halluciné qui pénètre loin dedans et obsède, après qu'on en a achevé la lecture. Un chef d'œuvre honteusement méconnu.

BH 04/14

              

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